La vérité est ce qui nous constitue en tant qu’être humain. Aussi importante soit-elle, cette sincérité peut également être fatale. Après l’excellent À l’origine et le singulier Superstar, Giannoli poursuit sa quête existentielle sur le mensonge et ses tourments. Marguerite Dumont est une riche bourgeoise des années 20′ passionnée par la musique. Donnant quelques représentations privées face à ses amis, elle aimerait chanter sur scène devant un véritable public. Le problème, c’est qu’elle chante faux, et que personne ne lui dit.
Marguerite est une œuvre tragi-comique aussi puissante qu’un opéra. Sous ce ton nouveau, le cinéaste filme l’identité faussée et le mensonge, qui va se transformer en assassinat passif. Car, à force de cacher l’évidence des faits, on vole la réalité dans laquelle le personnage devrait évoluer. Ce protagoniste, c’est Marguerite, campée par une Catherine Frot jouant aussi juste qu’elle chante faux. Son réalisateur lui offre une composition grave et troublante. L’actrice peut alors faire jouer sa naïveté confondue avec une candeur démesurée.
Face à elle, son mari est tout aussi pathétique. Emprisonné par une vérité qu’il ne peut dévoiler, celui-ci meurt à petit feu. Telle sa femme s’enfonçant dans un trou dont elle ne peut sortir. Est-ce un monstre ? Une femme délaissée ? Un être malade et narcissique ? Giannoli nous donne des éléments de réponse à la toute fin de son film, mais sa caméra ne lui suffit pas à dépeindre ce portrait ambivalent. L’appareil photo du maître de maison sert également de triste témoin à la déliquescence de cette femme. Jusqu’au dernier cliché, formidable de tragédie, ces images ne reflètent qu’une chose : son existence bafouée.
Hugo Harnois.
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