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Aimer boire et chanter, d’Alain Resnais

 

3 couples dans la campagne du Yorkshire. 3 histoires. Tous se fréquentent ou se sont fréquentés. Deux d’entre eux, Kathryn/Colin et Tamara/Jack ont pour projet de monter une pièce de théâtre. Seulement, ils apprennent que George Riley, leur ami de toujours a un cancer et qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre. Dès lors, ils l’intègrent dans leur pièce de théâtre pour lui changer les idées. C’est sans compter sur l’apparente espièglerie de George qui, peu à peu, vient semer la zizanie dans les couples. Le troisième couple, Monica et Siméon est un peu en retrait. Monica est l’ex-femme de George et Siméon son nouveau partenaire, un fermier d’une gentillesse incroyable.

 

Alors, George semble jouer comme un enfant avec toutes ces femmes, troublant un peu plus leur quotidien lorsqu’il leur demande, à toutes mais indépendamment, de venir en vacances avec lui à Ténérife.

 

Aimer boire et chanter est le dernier film d’Alain Resnais, décédé le 1er mars dernier. On lui doit de grands films comme Hiroshima mon amour, des court-métrages qui sont désormais étudiés dans tous les collèges de France : Nuit et Brouillard, puis, ces dernières années, des comédies plus légères mais toujours terriblement innovantes.

 

Pour ce dernier film, Resnais n’échappe pas à sa règle : créer un monde, jouer avec le cinéma et ses moyens. Pour le spectateur, ses partis-pris peuvent dérouter, assurément, Resnais n’est pas un cinéaste classique mais le film est parsemé de touches d’humour et d’amour qui le rendent irrésistible.

 

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En travaillant dans seulement quatre décors représentant les quatre extérieurs des maisons, Resnais permet à son action de s’ancrer dans un lieu appuyé par les magnifiques dessins de Blutch qui viennent assurer la transition. Resnais construit son système pendant plus de la moitié du film, il joue à faire monter les tensions entre les femmes, à créer des non-dits entre les maris dans ce décor fixe. Dans la deuxième moitié, alors que George a proposé aux trois femmes de partir en vacances avec lui à Ténérife, Resnais jubile et s’amuse à détruire tout son système bien rodé.

 

Impossible de ne pas voir dans la figure de George Riley (qu’on ne verra pas du film), l’espiègle Resnais. Alors que George, proche de la mort, consolide des liens avec les femmes pour mieux les détruire ensuite, n’est-ce pas la même chose que fait Resnais dans son film ? Partir de la rigueur esthétique pour ensuite s’amuser à la transgresser jusqu’à ces images de fin emprises d’une belle émotion.

 

A plus de 91ans, Resnais était pourtant un cinéaste d’une fraicheur et d’une jeunesse exceptionnelle !Le titre de ce dernier film, Aimer boire et chanter sonne comme un manifeste, une ode à la vie. Resnais tire les leçons d’une vie entière et nous les enseigne. Il faut reprendre l’apprentissage du début, recommencer l’alphabet : A, B, C… Désormais, il faut Aimer, Boire et Chanter !

 

Barbara Cornuaud

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