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Nos héros sont morts ce soir, de David Perrault.

 

Il était une fois deux catcheurs. L’un au masque blanc nommé le Spectre. L’autre au masque noir appelé l’Équarrisseur de Belleville. Mais si les deux jouent un rôle sur le ring en incarnant le Bien d’un côté et le Mal de l’autre, cela était bien plus compliqué dans la réalité. Pour son premier film, Perrault (heureux hasard de s’appeler comme l’écrivain de contes cultes) fait un bond en arrière et va à contre-courant du cinéma contemporain français en signant Nos héros sont morts ce soir.

 

On l’avait déjà vu avec l’excellent Wrestler d’Aronofsky, mais la figure du catcheur est, étonnamment, très cinématographique, tant dans son fond que dans sa forme. Le réalisateur réfléchit sur plusieurs parallèles intéressants. Le catcheur se rapporte d’abord au comédien. Comme ce dernier, il joue un rôle et se cache derrière un masque pour accomplir son travail d’acteur sur le ring. Mais le catcheur est aussi un super-héros. Son masque n’a qu’un but : celui de garder ses failles secrètes en ne montrant à personne son vrai visage. Car derrière ces protections, on découvre deux hommes fragiles et un peu perdus. Finalement, tout le contraire de ce qu’ils dégagent au combat. La force de œuvre vient justement de ce rapport à l’autre et de l’image qu’on se renvoie, captivant.

 

Perrault signe une très belle ambiance avec une magnifique photographie, où l’idée de tourner cette œuvre en noir et blanc est l’une des meilleurs du film. Elle laisse s’épanouir des contrastes très esthétiques, répondant parfaitement bien aux caractères acérés de nos héros et à l’atmosphère électrique. Mais si ces personnages sont travaillés, ils auraient gagné à être encore plus approfondis par des dialogues parfois moins obscures ou plus pertinents. Il faut cependant avouer que les rôles vont comme des gants à ces deux acteurs. Ménochet confirme définitivement sa qualité d’interprète, tandis que Martins mélange avec subtilité douceur et bestialité.

 

Nos héros sont morts ce soir est un premier film, certes, qui comporte des défauts (peut-être pas assez de moments de combats, scènes parfois trop étirées), mais qui reste dans l’ensemble réussi. Tout comme ce titre, le film s’annonce tragique, et même nostalgique. Ce qu’il est par essence en représentant un bel hommage au cinéma français, comme on n’en fait plus.

 

Hugo Harnois

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