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Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des plaines) d’Arnaud Desplechin

 

Dernier film du désormais célèbre Desplechin présenté en compétition à Cannes, Jimmy P. est pourtant bien une première : celle de tourner outre-Atlantique. Il est surtout l’adaptation d’un livre de Georges Devereux de 1951 : Psychothérapie d’un Indien des plaines. Alors que Mathieu Amalric incarne le psychanalyste européen spécialiste de la culture indienne, Benicio Del Toro devient Jimmy Picard, le Blackfoot analysé.

 

La grande force du film réside dans le jeu d’acteur et dans la complicité qui unit Amalric et Del Toro. Les deux hommes, diamétralement opposés, se découvrent dans de longues conversations pendant lesquelles Jimmy se livre sur son passé afin de refermer les blessures psychiques qui l’empêchaient jusque là de vivre. Quant à George Devereux, pourtant assez discret sur sa vie, on lui devine de nombreuses failles, tant dans ses histoires d’amour que dans son comportement. Il est cependant le soleil du film. Sa première apparition, virevoltant entre les tables d’un bar pour décrocher un téléphone nous le fait savoir : Amalric est toujours aussi espiègle bien que moins dans le goût du bon mot. Ceci est sans doute dû au fait que le film soit une adaptation fidèle du livre de Devereux et ne laisse donc que trop peu de place aux envolées lyriques d’Amalric.

 

Benicio Del Toro remplit son rôle à merveille en indien un peu dépassé par cette nouvelle pratique qu’est la psychanalyse. Il se prête pourtant volontiers au jeu et nous dévoile peu à peu son tumultueux passé. Ces révélations donnent de nombreuses séquences pendant lesquelles le Jimmy actuel revit ses erreurs et ses drames. De la même façon, le spectateur découvre ces scènes et retrouve l’amour de Desplechin pour les récits qui se chevauchent et s’entremêlent.

 

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Jimmy P. est un film tout à fait accessible, même pour les novices de la psychanalyse, il est peut-être un peu trop bavard, peut-être un peu trop américain mais Desplechin nous offre une réelle histoire d’amitié. Il ne renie pourtant pas son thème de prédilection : la quête d’identité. Il le travaille cette fois, non plus dans les relations destructrices (que ce soit le couple dans Rois et Reines ou la famille d’ Un conte de Noël), mais à travers une amitié naissante. Desplechin est apaisé, les personnages ne sont plus liés par la colère et la souffrance, ils avancent cette fois ensemble pour essayer de devenir meilleurs.

 

Les inconditionnels de Desplechin seront sans doute un peu déçus, les non-cinéphiles trouveront probablement ce flot de paroles assez imbuvable, mais Jimmy P. reste un très bon film, honnête et avec un vrai travail, tant de recherche que de mise en scène.

 

Barbara Cornuaud

 

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