Promenades Photographiques à Yenne : évasion instantanée.


Les Promenades Photographiques questionnent le territoire et nos relations à l’espace, autant de par les espaces d’exposition, véritablement réenchantés, que par les choix artistiques des photographes invités. Ellebore se fait vos yeux en attendant que vous alliez vous perdre à votre tour dans ces lieux magiques. 

Il y a d’abord ceux que la ville et sa poésie complexe inspirent, de l’architecture de la belle Amsterdam aux zones industrielles désertées. Maloupictures, qui exposera dans la Grange de Charles Horny, aime à errer dans les rues fourmillantes des mégalopoles européennes en quête d’un abécédaire urbain, parfois imaginaire et parfois éphémère. De Londres à Bucarest, elle a longuement traqué les signes d’un possible nouveau langage dans des villes en mouvement constant. 

A sa manière, François Vigne capture aussi les mutations des villes. Ici un commerce, là un atelier, plus loin un dancing, un cinéma et même un tribunal… le photographe se passionne pour ces façades décrépies, oubliées, témoins des outrages du temps. Le propos artistique de leurs photos ne peut qu’être sublimé par le contraste sauvage qu’opèrent sur lui les forêts du pays yennois. 

Trait d’union entre le cœur palpitant des cités bouillonnantes et le calme sauvage des campagnes reculées, le travail de Thierry Bazin explore l’espace intermédiaire : l’interurbain, dans ce qu’il peut avoir de tristement usuel, morne mais pourtant bien réel. 

Les forêts yennoises, enchanteresses, seront aussi le lieu idéal d’une mise en abîme photographique des grands espaces naturels. Des beautés inépuisables de la Corse de Pierre Huchette, photoreporter pour Terre Sauvage entre autres, au charme glacé du Lac d’Aiguebelette en hiver d’Angelo di Mango en passant la mémoire des roches et l’art rupestre des Alpes redécouvert par Emmanuel Breteau ; nul doute : la nature a beaucoup à offrir à ceux qui s’y abandonnent. 

Et ce n’est pas Yves Schlosser qui dira le contraire, lui qui a su saisir la puissance philosophique du propos de Jean-Jacques Rousseau du bout son vieil argentique soviétique. Il rend hommage au penseur avec une série photographique inspirée par « Les Rêveries d’un promeneur solitaire », dernière œuvre inachevée rédigée sur 27 cartes à jouer dans laquelle Rousseau exprime sa haine profonde des Hommes et son désir de solitude, mais surtout la certitude que le bonheur total, bien qu’éphémère, ne peut venir que d’une fusion complète avec la Nature. 

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L’oeuvre consacrée au « Portugal 1954 » de Jean Dieuzaide, l’invité d’honneur de ces Promenades Photographiques, sera exposée jusqu’au 24 juillet dans le sanctuaire paisible qu’offre la Chapelle du Rosaire. Sa démarche artistique se fait l’écho du fil rouge de l’exposition, à savoir valoriser la beauté du réel. Primés à de très nombreuses occasions pour ses reportages, Jean Dieuzaide est maître dans l’art de photographier l’humain, nous exposant sans détours cette foi en l’Autre, profondément humaniste et militant. Une exposition immanquable. (ci-dessus, Jean Dieuzaide à New-York en 1965, photo de Claude Roux).

LE PLUS : l’exposition participative « La Forêt Remarquable », composée par le travail de 80 photographes. Incontournable !

Retrouvez le catalogue détaillé et complet de l’exposition ici, ainsi que les lieux précis et les horaires de visite. La page FB

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