« Le violoncelle est l’instrument à corde qui pourrait me définir le plus précisément. Sa résonnance dresse à merveille tristesse et mélancolie. Il est le voile, le brouillard tout en étant la lumière qui guide, les percussions s’apparentent davantage au cœur et au sang », Emily Jane White.
La beauté éthérée du chant de l’artiste redevient ici l’instrument premier de son écriture. Pour l’enregistrement de ce nouvel album, Emily Jane White a pris des cours de chant classique afin d’élargir et d’enrichir sa palette vocale. La vulnérabilité et le drame sont véritablement portés par la voix tendue et planante de la californienne.
They Moved in Shadow All Together est une référence à la phrase inaugurale du second roman de Cormac Mc Carthy, « Outer Dark » (« L’Obscurité du dehors », 1968). Cette phrase évoque la descente lancinante et mystérieuse d’étranges voyageurs en provenance des Appalaches. Ces mots sont très malsains, étranges et beaux en même temps. L’album se concentre sur les symptômes du traumatisme : le symbole de la fracture de soi-même.
Un album intimiste oui mais engagé aussi, dans lequel la chanteuse fustige les dérives policières avec l’hymne antiraciste « The Black Dove » ou les violences régulières faites aux femmes « Womankind ».
They Moved in Shadow All Together est peut-être une preuve supplémentaire que la beauté et la tristesse sont de très belles alliées en poésie. L’album est dans les bacs depuis le 29 avril dernier sur le label Talitres.