Maurice White : we’ll groove for you !

Maurice White est un enfant des success stories que l’Amérique rend possible : enfant de chœur dans une église de Memphis où il est né, batteur dans un groupe de lycée, il s’inscrit à 18 ans au Conservatoire de Chicago où il étudie les percussions. Il n’a que 21 ans quand il intègre les prestigieux studios Chess comme musicien de session : on peut l’entendre ainsi sur des disques de Chuck Berry ou Etta James. 

Dans son Dictionnaire du Rock, Michka Assayas raconte que, passionné par l’Afrique et le Moyen-Orient, White rapporta d’un voyage un kalimba, un piano non polyphonique construit avec des lamelles métalliques : architecte du son avant d’être un mélodiste, White a souvent éprouvé le besoin d’aller chercher autre chose que ce qui lui était donné.

White fonde Earth, Wind & Fire en 1969, les trois dominantes de son thème astral selon l’astronomie égyptienne. Il n’a pas peur de se libérer du format étroit du trio pour un big band (neuf musiciens) qui reste attaché aux racines soul et blues de Memphis et Chicago, tout en s’accordant aux délires psychédéliques et mystiques de l’époque. 

Sans aucun doute, Maurice White avait un goût très affirmé pour le spectaculaire : le groupe se grime parfois en prêtres égyptiens, électrise la scène et le public à grand coup de pyramides ou de sorties de scène par la voie des airs. Et toujours, toujours, du strass, des plumes et des paillettes tout droit venues de la déferlante disco et le l’univers du music-hall. 

Mais White est aussi un homme qui a des choses à dire. « Si les gens n’étaient pas racistes, on serait plus respecté en tant qu’artiste que les Beatles », déclarait Maurice White en faisait référence à la segmentation du marché du disque selon des critères raciaux. Earth, Wind & Fire, ce sont 90 millions de disques vendus, et des concerts pleins à craquer partout autour du monde.

Et dans cette Amérique toujours troublée par un raciste gangrénant, il réussi l’exploit de rassembler Noirs et Blancs dans le public : des tubes calibrés au quart de poil, avec toujours un ou deux gimmicks persistants. La frénésie disco, fruit d’une époque où l’on cherche d’abord le plaisir instantané et l’oubli dans la musique fera le reste.

Célébré par Obama, Omar Sy ou encore Magic Johnson comme « le plus grand groupe » de l’Histoire, Earth, Wind & Fire n’est pas mort pour autant. Parce que Maurice White est un monument du groove, et parce que son oeuvre est un repère à tout jamais dans le monde de la musique. Let’s groove ! 

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