Osborne réussit là où beaucoup aurait échoué. Adapter le complexe. Dépoussiérer le passé pour dire quelque chose de notre présent. Aujourd’hui, l’animation se fait le porte-étendard de l’imaginaire et hisse la grand-voile de la création. Rêver, s’inspirer et rester libre, trois crédos que ce genre cinématographique a décidé de mettre en avant pour conserver la sensibilité que la jeunesse est en train de perdre. Déjà avec La Grande Aventure Lego, Miller et Lord promouvaient une certaine idée de l’innocence, s’opposant à la rigueur du monde des adultes. Le réalisateur de Kung-Fu Panda fait exactement la même chose en superposant deux contes, qui finiront par n’en former qu’un, poétique et cohérent, douloureux et percutant.
Ne pas oublier. Surtout, ne pas oublier que l’on a été un enfant, plein de vie, d’espoir et de curiosité. Si les temps ont changé, l’être humain a toutefois les mêmes besoins. En réinventant un récit moderne sur une petite fille qui a déjà toute son existence planifiée par sa mère, Osborne ne fait que remettre le conte de Saint-Exupéry au goût du jour. Efficace et intelligemment mis en scène, le monde de cette fille est principalement géométrique et permet de symboliser la triste austérité dans laquelle s’enferment les grandes personnes.
Ce n’est que lorsqu’elle plonge dans l’univers du Petit Prince que des formes imparfaites prennent vie et que le choix de la stop-motion prend tout son sens. En effet, le retour à l’artisanat et aux dessins « faits main » s’imposent pour délivrer une morale pleine de profondeur. Grâce à cette magie visuelle, le jeune spectateur pourra pleinement s’identifier et vivra une aventure extraordinaire. Le public plus âgé, lui, appréciera la cohérence du propos délivré grâce à ces deux techniques opposées. Mais une chose en particulier lui sautera au visage : le doux souvenir de sa jeunesse, quand il croyait que tout était encore possible.
Hugo Harnois.
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