Asie, terre de feu et de glace étant la seule capable de produire ce genre d’œuvre cinématographique. Voulant sonder les profondeurs de l’être humain, cet art est souvent proche de la violence, et Black Coal le confirme sans sourciller. 1999, des morceaux de corps humains sont retrouvés un peu partout en Mandchourie, et l’affaire n’arrive pas à aboutir. 2004, l’histoire recommence…
Glacial tel le trépas, cette ambiance hivernale montre que le cinéma asiatique joue constamment avec les éléments et décors naturels. Le cinéaste fait passer cinq années de manière brillamment poétique, le temps de traverser un tunnel, le temps que la froideur s’empare de notre âme. L’innocence est alors un souvenir égaré qui appartient au passé, tandis que le pardon et les regrets brouillent notre esprit vacillant. Que faire pour oublier ces maux qui nous accablent ? Boire et cesser d’exister.
Fiévreux tel une romance impossible, notre homme est donc un nomade (on ne le voit jamais chez lui) alcoolique et incernable qui déborde de mal-être et de sentiments inavoués. Son histoire avec cette femme mystérieuse est vicieuse mais nous fascine par sa sordidité latente. Son désir refoulé et sa frustration nous font demander quelles sont les motivations de cet homme à l’égard de cette protagoniste ? Se sentir vivant tout simplement, malgré les horreurs que la vie pose sur notre chemin.
Orageuses tel un esprit capricieux, certaines scènes mémorables passent à la vitesse d’un éclair. Comme celle de l’arrestation de deux suspects, où le plan-séquence sous-entend qu’un acte affreux va se produire. Ou comme celle de la patinoire, où ces êtres tournant en rond se cherchent dans un lieu rempli d’humains apathiques. Black Coal aurait pu être un chef-d’œuvre s’il n’avait pas souffert de quelques longueurs, volontaires certes, mais qui étirent le récit et lui donnent un ton pesant. Qu’importe, pour contempler ces films crus et dotés d’une aura tragique, il faut diriger son regard vers l’Est, assurément.
Hugo Harnois.
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