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Passion, de Brian de Palma

Dans cette agence de publicité berlinoise où l’on parle exclusivement anglais, trois femmes luttent pour le pouvoir. Le monde du travail devient un champ de bataille, la séduction est une arme, la manipulation devient une science. La blonde, la brune, la rousse ; les rapports de force sont puissants et peuvent s’inverser à tout moment, les duels sont féroces. Brian de Palma signe ici un film aux multiples références, au risque d’être parfois démonstratif et sans nuance.

 

Passion : féminin singulier. C’est une sentiment puissant qui ne semble concerner que les femmes. Il n’y a pas plusieurs passions, il n’y en a qu’une qui les regroupe toutes. Pulsions sexuelles ou violentes, toutes sont regroupées sous le même terme de Passion. Ces femmes partagent leur rouge à lèvre, leur écharpe, choisissent l’une pour l’autre quel bouton il faut fermer ou entrouvrir, quelles chaussures porter. Elles sont fascinantes et se façonnent tour à tour à leur image, tournant en rond dans un système clos et pervers. Dès lors, la passion devient comme une maladie que l’on contracte au contact d’une personne contaminée.

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 Ce flux, cette propagation est constamment sensible dans le film par le travail de la vidéo. Téléphones portables, caméras de surveillance, youtube ; tous ces nouveaux supports permettent de partager beaucoup plus vite, beaucoup plus massivement une information qui peut être compromettante, humiliante. Ainsi, il y a dans Passion le sentiment sulfureux des pulsions, mais aussi l’angoisse constante de les voir exposées au grand jour. Les nouveaux médias sont une épée de Damoclès, des outils de pression et de chantage incomparables.

 

Il y a donc des choses intéressantes dans le nouveau film de Brian de Palma. Beaucoup considèrent que ce film est l’aboutissement de son « style ». Méconnaissant sa filmographie, je ne puis en juger. Pour autant, on constate, parfois lourdement, que le cinéaste a été fortement influencés par certains films qui sont explicitement cités. La scène de la douche de Psychose d’Hitchcock, les deux femmes de Mullholland Drive de David Lynch, l’escalier de Vertigo. Toutes ces références sont explicitement montrées au spectateur, comme pointées du doigt par une mise en scène efficace, mais lourde. Zoom arrières, stores vénitiens, gros plans…Tout cela manque un peu de finesse, dans le discours, comme dans la mise en scène. Malgré tout, le film reste efficace, les tensions sont palpables, on partage cette passion avec les personnages : violence, meurtre, désir ; tout y est.

 

Avec Rachel McAdams, Noomi Rapace, Karoline Herfurth…

 

 

Clara Lavigne

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