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Skyfall, de Sam Mendes Avec Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Ralph Fiennes, Naomie Harris

Voilà quelques semaines que la chronique cinéma d’Ellebore fait la part belle aux auteurs : Ozon, Resnais, Garrone… Cette semaine, un cruel dilemme s’est posé à moi : Amour de Haneke, ou Skyfall, le nouveau James Bond, réalisé par Sam Mendes. En cette période de Toussaint, de brouillard et de premières neiges ; j’ai choisi de reporter la palme d’or à la semaine prochaine. Néanmoins, si James Bond est un film grand public, grand spectacle, grand budget ; il n’en demeure pas moins un excellent film. Sam Mendes a déjà fait ses preuves (American Beauty, Les Noces rebelles…) et l’annonce de son nom à la tête du nouveau 007 était déjà en soi un pari osé et prometteur. Force est de constater qu’il apporte à la saga un de ses meilleurs opus. Il est difficile de vous camper l’histoire sans en dévoiler les ressorts et rebondissements. Laissons tout juste filtrer que James Bond est vieux, que M est en mauvaise posture, et que l’ennemi vient de l’intérieur.

Skyfall respecte à la lettre les codes du blockbuster qui ont été inventés avec James Bond. Un héros charismatique, des scènes d’action spectaculaires dans des lieux exotiques, un rythme haletant, des femmes sensuelles, de l’humour. Tous les éléments sont parfaitement dosés. Après 2h20 de film, on n’a pas l’impression d’avoir assisté à un simple déferlement de mitraillettes, de chaire dénudée et d’effets spéciaux flous. L’art de la mise en scène du réalisateur se ressent dans chaque plan, tous composés au millimètre. On remarquera le travail constant sur les lignes qui barrent l’espace, les surcadrages des personnages et des cibles, ainsi que la lumière brillamment utilisée.

Pourtant, Skyfall n’est pas qu’un prototype de blockbuster. Dans la même veine que Nolan et ses Batman, ou encore que la série des Jason Bourne ; le réalisateur parvient à donner de la profondeur, et de l’ampleur au personnage. Pour la première fois on rentre dans des considérations intimes, voire psychologiques sur le personnage mais aussi sur le monde qui l’entoure. La question de la vieillesse, du doute, mais aussi de l’ordre et de la loi sont omniprésentes. Sans aller jusqu’à parler d’un film sur l’éthique de l’agent secret britannique, on notera cette remarque de M, face à son tribunal : la menace pour la Grande Bretagne ne vient plus de nations, d’individus ou de groupes. Mais elle vient de l’ombre, invisible, imperceptible.

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Ainsi, le caractère jouissif de cet opus de la saga vient sans doute du respect des codes du blockbuster et d’une dimension plus intime et réflexive sur le monde. Mais je ne peux m’empêcher de saluer les auteurs qui ont signé le scénario, et notamment les dialogues de Skyfall. Au delà du film à grand spectacle, c’est avec les codes de la saga que l’on joue ici. On renoue avec les symboles (l’Aston Martin entre autre), on évacue les éléments qui peuvent alourdir la narration (pas de James Bond girl bien délimitée dans cet épisode, ni de gadget incroyable), et on renoue avec l’esprit du personnage : humour britannique oblige. Et encore, je ne vous ai rien dit du méchant, Javier Bardem blond platine, déjanté et semant le doute sur l’hétérosexualité de Bond, James Bond ; rien que pour ça, le jeu en vaut la chandelle…

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