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Interview Gilles Peterson


Eric : Gilles est ce que t’arrives encore à trouver de la motivation, ça fait combien de temps que tu mixes ? 20 ans ?

GP : Depuis 30 ans !

Eric : T’arrives encore à avoir la pêche, le feu pour mixer ? 

GP : Ouais plus que jamais je pense. Au début je me suis dit à 40 ans j’arrête, maintenant j’arrive vers les 50 et puis…

Eric : A croire que ça conserve bien quand même !

Irfane : C’est vrai que ça conserve étrangement bien parce que là les gens n’ont pas l’image mais on dirait Martin Solveig un peu…

GP : Merci les gars ! Quand je regarde les autres DJs comme François Kervorkian qui sont plus vieux que moi et qui ont l’air très heureux…

Je recherche les meilleurs clubs du monde, et quand il y a un bon son et du people c‘est le top, c’est comme un diner spectaculaire.

Je mixe beaucoup en ce moment, et puis c’est la première fois que je viens ici et c’est toujours bien de découvrir de nouveaux endroits comme ici à Aix Les Bains avec mon ami Irfane et Frankito c’est super… J’ai fait des soirées à Annecy et ça m’a tellement plut ! C’est bien de surprendre les gens en jouant dans des endroits où ils ne t’attendent pas. Depuis quelques années je fais un festival à Sète aussi…

Eric : Oui alors parle nous du Worldwide festival qui a fait sa 4e édition cette année ?

GP : C’est ma 5e édition !

Eric : Tu me disais en gros tu bookes tes potes…

GP : Plus ou moins oui parce que je fais tellement de festivals partout dans le monde, je voulais faire quelque chose qui représentait ce que je faisais à la radio. Les festivals sont souvent soit trop électro, trop live, trop rock ou trop jazz et moi je voulais mélanger tous ces styles au même endroit et rassembler les gens et DJs qui ont le même idéal musical et ainsi pouvoir se retrouver tous les ans.

Eric : Et c’est quoi cette idéal alors ?

GP : C’est d’abord une ouverture musicale. Quand on aime bien la house ou la techno ça ne veut pas dire qu’on a 18 ans, tu vois. On a du respect pour la culture du deejaying, mixer du nouveau son avec du vieux, de pouvoir aussi inclure du live avec les DJs et ainsi dégager une atmosphère qui marche pour tout. Aucun festival au monde ne fait plus ou moins ce qu’on est en train de faire depuis 5 ans. C’est devenu un grand succès. Pour moi la chose qui est vraiment bien c’est qu’on amène beaucoup de gens de pays différends, beaucoup d’autrichiens de belges, d’allemands, qui viennent pour le festival alors c’est vraiment un mélange des peuples, c’est magique. Et je dis pas ça parce que c’est mon truc mais c’est quelque chose que j’ai pu vraiment euh… c’est un peu comme mon restaurant !

Eric : C’est ta petite cuisine à toi

GP : C’est ma petite cuisine à moi20111112-00-53-49

Eric : Et en ce qui concerne le festival de cette année, toi les révélations que t’as eues en live, les coups de cœur du moment que t’as pu avoir au Worldwide cette année c’était qui ? James Blake ?

GP : Ouais James Blake c’était énorme, il y avait aussi des groupes comme Konono No 1, Dj David Rodigan qui fait du reggae en Angleterre depuis très longtemps, il a 60 ans et c’est le 1er à avoir joué du Bob Marley en Europe, et il a bien passé son feeling aux Français … Il y a énormément de bonnes surprises, il y avait Dan funk qui était incroyable il y avait Joy Orbison, Jamie XX… et ça continue. C’était que des bons moments.

Eric : Donc toi l’idée de fond c’est de faire partager ta musique au plus grand nombre de faire partager tes découvertes, tu le fais au travers du festival et tu le fais aussi au travers de la radio toutes les semaines sur la BBC radio One. Donc c’est une émission qu’on peut écouter un peu partout, je crois que tu la vends dans plusieurs pays ?

GP : Oui je la vends dans beaucoup de pays. En Angleterre à la base c’est sur la BBC radio One. Tu peux l’écouter aussi sur internet bien sûr. C’est une émission où je peux jouer du Joy Orbison à côté du Herbie Hancock. Quand j’étais jeune le festival de Montreux Jazz m’a beaucoup inspiré, le festival de Glastonbury aussi et tous les festivals de dance music en Angleterre où les gens allaient en masse. J’allais dans des camps de vacances en hiver, vers 17,18 ans et j’écoutais du funk avec les DJs.

Eric : C’est là que t’as puisé tes influences ?

GP : Ouais, c’est un peu toutes ces choses là qui m’ont inspirées et puis à la radio j’essaie de mettre en contexte la nouvelle musique et ses racines disons, comme ce qu’Irfane fait.

Eric : Et la BBC te laisse carte blanche ?

GP : Ils me laissent carte blanche

Eric : Parfois ils te disent « non non attends là, tu vas trop loin  t’es trop pointu… » t’as vraiment carte blanche ?

GP : Si j’ai envie de jouer du John Coltrane pendant 2 h, je peux le faire. Je l’ai pas fait parce que là peut être qu’ils me diraient quelque chose… Je ne le fais pas car il y a tellement de nouveaux sons très bons, j’ai quand même un petit peu la responsabilité de motiver et d’encourager les nouvelles générations, c’est très important. Et puis dernièrement, bien sûr, avec mon label. J’ai un label qui s’appelle Brownswood Records et puis on a un artiste qui s’appelle Ghost Poet et lui c‘est un nouveau qui marche très bien pour nous en ce moment. C’est un petit peu Indie un petit peu hip hop et pour moi c’est vraiment important de ne pas faire marche arrière ou de tomber dans la facilité. C’est pour ça que je vais à Cuba régulièrement pour faire mes productions là bas. Une des raisons pour laquelle j’aime ce que je fais c’est parce que ça bouge et c’est super varié.

Eric : Pour l’année prochaine il y a des projets particuliers, que ce soit en terme de production, de radio, de festivals ?

GP : Point de vu festival je pense qu’on va faire une édition d’hiver à Leysin en Suisse au mois de Mars et au niveau production je viens de finir le nouvel album Havana Cultura qui sort cette semaine et on fait une petit tournée qui commence jeudi prochain à Amsterdam. Et puis sinon j’ai le Worldwide Awards,une soirée que je fais tous les ans à Londres le 21 janvier. C’est une grande soirée plutôt éclectique, l’année dernière on avait Tom Yorke, Flying Lotus, des gens comme ça c’était vraiment bien, ça rassemble tous les points de la musique que je joue « joining the dots », c’est un p’tit peu ma philosophie. Et puis sinon je cours le marathon de Tokyo au mois de février

Eric : Bon j’ai découvert des vies parallèles de Gilles ce soir, un fan de football, une carte à l’année pour Arsenal, je découvre maintenant que tu fais le marathon, la radio, t’organises des festivals comment t’arrives à tout faire ?

GP : Et je fume en même temps ! Quand on fait ce boulot dans la musique c’est important de faire attention, si je compensais pas je serais mort, tu vois ! J’aime la course, j’ai fait le marathon de Londres cette année et puis j’ai aussi une fondation qui s’appelle Steve Reid foundation pour aider les vieux musiciens qui n’ont pas d’assurance pour leur santé. J’ai été très ami avec un grand musicien de jazz Steve Reid qui a été le batteur de Miles Davis entre autres et il est mort il y a 2 ans car il n’avait rien pour se soigner correctement. Depuis cette histoire, j’ai monté cette fondation où l’on organise beaucoup de choses, des soirées pour aider cette cause. C’est aussi pour ça que je coure les marathons.

Eric : Merci beaucoup Gilles d’être là avec nous ce soir…

GP : Je suis vraiment heureux d’être ici, quand je sens que les vibes sont bonnes moi je viens !

Eric : Tu sais ce que tu vas mixer ce soir ? je te voyais sur ton mac tout à l’heure…

GP : Aucune idée. La dernière soirée que j’ai faite c’était à Tel Haviv et j’ai joué de minuit à 9h du matin. A la fin de la soirée j’avais tellement aimé que j’ai donné mes cd à tout le monde

Eric : Et maintenant t’as plus rien

GP : J’essaie de me rappeler ce que j’avais pour que je puisse les regraver

Eric : En tous cas merci Gilles on espère bientôt le Worldwide sur Ellébore !

GP : Ah j’espère aussi, ce serait cool ! Merci

Interview enregistrée à l’aide de Fidel

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