Découvrez « Sirens » : le nouveau chef-d’oeuvre de Nicolas Jaar.

Nicolas Jaar revient avec Sirens, un nouvel album visionnaire et profond. Ce deuxième opus solo s’impose comme un véritable chef-d’oeuvre de contrastes, musicaux et politiques. Mille textures que le compositeur américano-chilien déroule avec beaucoup d’élégance tout au long des 41 minutes de Sirens. D’un morceau à l’autre, Nicolas Jaar prouve encore ses talents d’alchimiste et sa capacité à étirer la matière sonore d’un pôle à l’autre : ce sont ces contradictions qui font toute la richesse de l’album.

Au moment où vous cliquez sur play, vous embarquez dans un monde singulier et complexe, en écho au nôtre, fort pourtant d’une extraordinaire limpidité. Un monde parallèle sublimé par le langage musical et la techno spectrale de Nicolas Jaar.

En attendant sa sortie officielle le 14 octobre prochain, l’album a été dévoilé en streaming et dans son intégralité sur The Network, la mystérieuse webradio de Nicolas Jaar mise en ligne à la fin de l’été dernier : un univers musical entre 0 et 333, une sorte de réseau tracé entre des sons expérimentaux, des titres classiques, des images, des peintures, des pensées, et qui permet d’aborder aussi les projets passés et futurs de l’artiste. Le tout, teinté de mysticisme, appelle à ouvrir sa curiosité sur autre chose que la simple musique électronique. Ainsi la piste 324 se nomme Baba Vanga, du nom d’une voyante et prophétesse roumaine, ou la piste 195 qui diffuse de très beaux morceaux de Mercedes Sosa et résonne comme un appel à la résistance (« La resistencia de ayer es la resistencia de hoy » peut-on ainsi lire).

Et Sirenssur le canal 333.

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Après une longue introduction, « Killing Time«  pose les bases de ce que Nicolas Jaar développe tout au long de l’album : nappes labyrinthiques, collages sonores, accents soul et scintillements jazz sur perles électroniques. En brouillant parfois les pistes, comme avec le très rock « Three Sides Of Nazareth« , mutant, rapide, proche du vacarme.

« The Governor » frappe de par son urgence. Derrière la création sonore, électro-jazz et haletante, le producteur activiste dresse un constat sombre de l’état du monde et vise directement les dirigeants mondiaux dans des textes ouvertement politiques.

Dans un communiqué, le New-Yorkais annonçait Sirens comme son « album le plus cohérent et le plus politiquement réfléchi« . En effet.  » Mais le confort rassure / Et Angela a dit d’ouvrir la porte / L’argent a besoin, semble-t-il, de ses prolétaires « , chante-t-il dans « The Governor« .

 

En 2011, Nicolas Jaar sortait Space Is The Only Noise, âgé de seulement 21 ans. Un premier album hypnotique qui le lançait alors en première ligne de la success story de la diaspora électronique sud-américaine emmenée par Ricardo Villalobos ou Nicolá Cruz. Les années n’ont en rien déconnecté le producteur de ses racines : le morceau « No« , pilier central de l’album, formule en espagnol une clé de compréhension essentielle du propos de Nicolas Jaar.

« Ya dijimos no pero el si esta en todo » : « nous avons déjà dit non mais le oui est dans tout », sentence qui figure dans « No » et sur la pochette de l’album. Nicolas Jaar fait référence au référendum sur la démocratie au Chili en 1988, un vote qui demandait au peuple chilien s’il voulait encore de la dictature du Général Pinochet aux manettes du pays. Voter non revenait à dire oui à la démocratie. De là, le producteur glisse son point du vue sur le cours du monde : il n’est pas nécessaire de connaître le futur pour savoir que les choses ne changent jamais vraiment, que l’histoire se répète souvent, cyclique.

Une idée que l’on retrouve encore dans History Lesson, un dernier morceau aux accents pop sixties qui finit de nous surprendre avant d’exploser dans un final indomptable.

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Les références sont tellement nombreuses sur Sirens qu’on en manque, c’est sûr. Tant mieux, car cela ne nous pose aucun problème de l’écouter en boucle jusqu’à le pénétrer autant que ce qu’il nous pénètre dès la première écoute.

Nicolas Jaar sera en concert le 11 novembre prochain au Trianon à Paris. 

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