Les réalisateurs donnent aussi à voir avec beaucoup de tendresse, mais sans pour autant l’imposer, un arrière-plan social d’actualité : le mal-être du monde agricole.
Tout en mèches blanches impeccables et chemise à carreaux, Gérard Depardieu sillonne le Salon de l’Agriculture avec Nabuchodonosor, son taureau de concours, tandis que Benoît Poolevorde, son fils, se fait la route des vins sans sortir du salon, ivre du stand Alsace au stand Bourgogne. Pour renouer le dialogue avec son fiston, l’éleveur décide, sur un coup de tête, de le faire monter dans le taxi de Vincent Lacoste et de l’emmener sur la route des vins, la vraie.
Saint-Amour évite avec beaucoup de poésie les écueils d’un mauvais road-movie en explorant un sujet peu traité jusqu’ici par les deux auteurs : la femme et les beaux sentiments qu’elle inspire.
De Solène Rigot à Céline Sallette, en passant par Izïa Higelin, Ovidie ou Chiara Mastroianni, toutes croiseront la route des trois hommes pour les révéler à eux-mêmes, et faire renaître l’amour entre un père blessé et un fils paumé.
Delépine et Kervern, malgré les critiques, ont toujours leur univers, ce ton si particulier qu’on aime à chaque fois, ce beau bizarre un peu triste et franchement poétique. Comme dans Mammuth, la vie et l’âme de Depardieu s’invitent dans ce voyage inattendu où son hyper-sensibilité fait un bien fou. Grand moment qui laisse la gorge nouée, aussi : la scène où Benoît Poolevorde décrit les « dix stades de l’alcool » …
Saint-Amour est surtout un film très touchant, parce que très humain.
Coup de cœur sans hésiter. On n’en dit pas plus. Ici, la bande-annonce. Mais le mieux c’est encore d’aller le voir sur grand écran, à l’Astrée par exemple … demandez le programme !