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La Tête Haute, d’Emmanuelle Bercot

Comment comprendre un enfant si l’on ne se met pas à sa taille ? Avec La Tête haute, Emmanuelle Bercot a tout compris. Un petit garçon de six ans joue dans un bureau. Autour de lui, deux femmes semblent s’agiter. On reconnait aux voix celles de Catherine Deneuve et Sarah Forestier. Mais la cinéaste ne s’embête pas à filmer ces deux poids lourds du cinéma et préfère se focaliser exclusivement sur ce gamin. Derrière des mots passe-partout tels que « délinquant » ou enfant « à problèmes », le spectateur va suivre le parcours de Malony, de ses six à dix-huit ans.

 

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Réaliste et non idéaliste, La Tête Haute  ne compte pas brosser le public dans le sens du poil. Les échecs font partie de la vie. Ils font donc partie intégrante du cinéma de Bercot, qui s’attache à coller au plus près du concret. Malony ne peut pas avoir un destin flamboyant par l’intermédiaire de la magie du cinéma. Durant ces deux heures qui passent à la vitesse d’une existence qu’on n’aurait pas vu filer, Rod Paradot est hallucinant. Il encaisse les coups du sort, fait face à un système qu’il maudit et combat des démons intérieurs qu’il ne peut vaincre. Dans ce film, rien n’est important si ce n’est son personnage. Contrairement aux non moins excellents Deneuve et Magimel, qui appartiennent au passé, Malony se rapporte au futur. Notion essentielle de cette œuvre.

 

Positif et non pessimiste, La Tête Haute représente un morceau de vie, comme l’étaient déjà les précédents Polisse (Bercot scénariste) ou Elle s’en va (Bercot réalisatrice). Avec la même manière de procéder, la cinéaste s’attache à injecter de la lumière là où le déluge semble régner. Aux détours de situations cocasses ou de phrases humoristiques, la légèreté parvient à maintenir le cap d’une narration émotionnellement puissante. Et puisque Emmanuelle Bercot a tout prévu, sa scène finale vient répondre à la séquence introductive de la plus belle des manières. Filmé en une superbe contre plongée, synonyme d’espoir et de dignité, Malony sort du tribunal et assume enfin qui il est. Le regard concentré, une démarche affirmée et, plus que jamais, la tête haute.

 

Hugo Harnois.
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