Gloria

Gloria, de Sebastián Lelio

Les femmes sont aussi fortes que les hommes et méritent de prendre le pouvoir ! Tant mieux car le grand écran leur laisse la place, et Gloria succède aujourd’hui à Adèle, Suzanne, Lulu, Bettie, Ida ou Philomena, des films rendant hommage à la femme, chacun à leur manière. À cinquante-huit ans, Gloria est divorcée et semble heureuse dans sa vie de célibataire. Jusqu’au jour où elle rencontre Rodolfo, l’homme qui pourrait faire changer les choses.

 

On assiste ici à un portrait purement contemporain qui n’aurait pu voir le jour il y a vingt ans. Avec l’émancipation des femmes et la vulgarisation des divorces, quel sort la société peut-elle réserver à des femmes comme Gloria, et quelle étiquette est-elle obligée de porter ? En rencontrant Rodolfo, on s’aperçoit qu’il n’est pas non plus aisé pour les hommes de se sortir indemnes d’une séparation. Le poids de la culpabilité, les enfants comparables à des dommages collatéraux, et cette nostalgie de la vie de famille que nous n’arrivons pas à mettre de côté. Dans ces cas-là, le passé prend le pas sur le présent en nous empêchant de vivre les moments qui nous sont donnés. Une belle analyse sociologique, montrant qu’il est difficile de se reconstruire à cet âge.

 Gloria2

Paulina García (Ours d’Argent de la Meilleure Actrice), méconnue des écrans, donne tout à la caméra de Lelio en se mettant à nue, dans tous les sens du terme. Son regard est le reflet de son âme et trahit ce manque affectif qu’elle recherche tant. L’être humain ne choisit pas une route pour ne plus en emprunter d’autres, il change de direction sans cesse, comme Gloria, tantôt pathétique (se réveillant sur la plage), tantôt splendide et pleine d’assurance (à l’hôtel).

 

Avec ses immenses lunettes derrière lesquelles elle se réfugie, Gloria va finir par les enlever pour ne plus avoir à se cacher, et assumer enfin qui elle est : une personne à la fois drôle et mélancolique, fragile et terriblement charmante. Bref, une femme comme il en existe plein d’autres, faite de failles et de paradoxes. Une femme qui donne envie de tomber amoureux, à n’importe quel âge.

 

Hugo Harnois

Toutes les critiques d’Hugo Harnois sur www.septieme-sens.net

 


Découvrez aussi

La selecta 2023 des Producteurs locaux d’Ellebore : des disques sortis cette année, des disques plus anciens,... Lire la suite
Du mardi 28 Novembre au mercredi 20 décembre, la Médiathèque Jean-Jacques Rousseau accueille l’exposition... Lire la suite
Et c’est reparti pour les nouveautés du mois d’Ellebore, et cette rentrée nous a particulièrement... Lire la suite

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *