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Effets secondaires, de Steven Soderbergh

 

Réalisateur des heureux Ocean’s et de l’intemporel Erin Brokovitch, le réalisateur s’est aussi laissé aller à quelques Contagion, pour n’en citer qu’un.Alors lorsqu’un nouveau film de Soderbergh sort en salle, c’est toujours un pari, un risque à prendre. Effets secondaires est un thriller autour de l’industrie pharmacologique de l’antidépresseur. Les petits régulateurs d’humeur semblent avoir tellement d’effet que la jeune Emily (Rooney Mara) ne se souvient pas d’avoir tué son mari (Channing Tatum). Forcément, les prescriptions de son psychiatre (Jude Law) sont passées au crible, il cherche alors à nettoyer sa réputation en enquêtant auprès de Catherine Zeta Jones, l’ancienne médecin de Emily.

 

C’est un postulat un peu étrange de dire « le médicament me rend malade ». Pour s’attaquer à l’industrie pharmaceutique, Soderbergh ne livre pas bataille de front comme il avait pu le faire dans Erin Brokovitch. Plutôt que de se lancer dans une grande mise en accusation politique, le réalisateur se rencentre sur la sphère intime, et notamment le couple. Les antidépresseurs sont pointés du doigt pour leur effets secondaires : hallucinations, état de léthargie, somnambulisme. Parfaits pour un bon scénario de thriller ou les concepts de victime, de coupable, de responsabilité sont brouillés… au risque de perdre le spectateur dans des circonvolutions complexes. Il est toujours intéressant, à la manière d’Hitchcock, d’effacer la frontière entre le rêve et la réalité, entre la machination et la culpabilité. Mais n’est pas Hitchcock qui veut, et la résolution d’Effets secondaires est comme une respiration pour le spectateur, un cordage auquel il se rattrape avant de se noyer et de définitivement détester le film.

 

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            Ainsi, il m’est bien difficile de dire si j’ai aimé ou non ce film. En sortant de la salle, un arrière goût, une nausée persistait qui me ferait dire que le film est peut être génial, mais s’est bien gardé de le dire. Il faut avouer que je me suis un peu ennuyée, perdue dans ce scénarios concentrique ou le personnage principal bataille pour accuser une victime et blanchir sa réputation. Et pourtant, au terme de sa quête, lorsque la manipulation éclate au grand jour, le héros se transforme en monstre à son tour et se venge. En vérité, ce sentiment de dégoût à la fin de la projection vient des personnages. Soderbergh a beau montrer la haute société américaine des golden boys et de leurs femmes endimanchées, la seule conclusion qu’on puisse en tirer c’est qu’ils sont « tous pourris ». La corruption des mœurs, la compromission et l’appât du gain agitent nos tabloïds, et les réalisateurs s’en délectent.

 

 

Clara Lavigne

 

 

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