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Antiviral, de Brandon Cronenberg

 

C’est une société où l’image et la médiatisation ont été poussées à l’extrême. Non seulement les stars régissent les modes, les religions, les médias ; mais elles vont même jusqu’à régir la santé des citoyens. L’herpès, la grippe et pourquoi pas le sida deviennent une mode au même titre qu’un sac à main. Or, toute mode se doit d’être commercialisée. Antiviral, est donc une distopie dans laquelle des sociétés privées revendent à prix d’or des injections des virus qu’ont pu contracter les stars. Un film à l’esthétique froide et léchée au risque d’être parfois un peu ennuyeux.

Attention, ne confondez pas. Alors que David Cronenberg présentait Cosmopolis, à Cannes en 2012, il s’agit ici de Brandon Cronenberg, son fils. On ne peut donc pas analyser ce film comme la continuité du travail du réalisateur de La Mouche ou ExistenZ. Pourtant, certains thèmes chers au père se retrouvent dans le travail du fils.

 

Tout d’abord, une critique acerbe et angoissée des phénomènes de société. Certes, la vision qui est donnée ici est tout à fait exacerbée. L’image a pris une telle place que les lieux de vie eux-mêmes sont copiés sur les photos de catalogue ikéa aseptisés. On retrouve également un fort questionnement éthique sur la science. Multiplier un échantillon de cellule musculaire d’une star pour en commercialiser des steaks comestibles, est-ce du cannibalisme ? Vendre et inoculer une maladie est-elle un crime lorsque la victime est un client consentant et volontaire ?

 

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Ces grandes thématiques donnent lieu à un film glaçant où les décors sont d’un blanc immaculé. Il ne semble rien n’y avoir d’humain dans ce monde. Et pourtant, le corps semble vouloir reprendre ses droits. L’organique reprend le dessus, et le réalisateur y va à grand coup de giclures rouges, de vomissements sanglants, d’organes à vif pour faire exploser tout ce petit monde.

 

Ainsi, je salue l’image de Karim Hussain qui ferait un excellent photographe de mode, et reconnaît que le propos du film est porteur. Cronenberg parvient à nous frigorifier, et à nous inquiéter. Néanmoins, à être trop glacé, le film peut laisser de marbre. Ce film n’est certainement pas un indispensable, mais c’est tout de même un premier long métrage intéressant, à défaut d’être intriguant.  

 

Clara Lavigne

  

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