Pics by Paul Bourdrel
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Les deux Hip-Hop globetrotters présentent « Vagabond Road », un EP 8 titres spontané, instinctif et énergique en forme de road-movie musical.
Ces deux vagabonds qui ont beaucoup sillonné les routes et les scènes Hip-Hop de par le monde, n’avaient pas encore sorti un enregistrement ensemble. Enregistré entre New-York et Lyon, mixé au Brésil par l’excellent Cristian Dal Solio, masterisé à Paris par l’inévitable Blanka, ce 8 titres résume leur parcours en commun ou séparément, à base de rap, de boom bap, de jazz, de musique latine et africaine, de samples, de scratchs ciselés et de discours sensé. La magnifique pochette réalisée par Pixadelic, résume très bien l’univers du projet :
« L’EP s’appelle Vagabond Road, car cela résume assez bien nos vies de Hip-Hoper Globetrotters, toujours sur la route à traverser des expériences et des destinations choisies ou non, avec aussi une ouverture sur la musique du monde avec des ambiances Africaines et Latines. » (Zajazza)
L’ambiance guerrière de l’intro, puisant dans un sample d’afrobeat, nous plonge directement au cœur du sujet en évoquant les diverses influences artistiques et musicales des deux compères, et où surtout iLLspokinn renoue avec ses origines : la diva bissau-guinéenne Fattu Djakité, que le rappeur new-yorkais a rencontré sur son île d’origine le Cap-Vert, sublime ce premier morceau qui célèbre le métissage (« Kriolo kriolo my people I love you ! »), enchainant directement aux cris de « Justice now ! » sur le politico-conscient « The New JC », en référence aux fameuses lois ségrégationnistes « Jim Crow ». En utilisant un sample de l’album « We insist » de Max Roach, album référence dans l’histoire de la musique afro-américaine, et en collaboration avec le multi-instrumentiste Fraser de Lyon, Zajazza met du sens et fait un lien entre musique et lyrics : « The new JC » est un morceau plus que d’actualité qui évoque le racisme latent et la ségrégation officieuse aux Etats-Unis, les violences policières récurrentes et le combat mené à travers le mouvement BLM « Black Lives Matter ».
« Quand iLLspokinn m’a demandé une instru pour ce thème, j’ai mis du temps à avoir le déclic. Je fais confiance aux samples depuis toujours et aux énergies qu’ils transportent. Pour ce titre j’ai donc été piocher dans l’album de Max Roach « We insist » qui est dédié au racisme » (Zajazza)
iLLspokinn, improvisateur hors-pair, instigateur des soirées « Freestyle Mondays » à New York, prouve avec ce EP son énorme talent d’écriture, sa dextérité et son flow hors-norme, comme sur le morceau éponyme, sorti à l’automne dernier et clipé entre Lyon et la Nouvelle-Zélande par l’excellent vidéaste lyonnais Paul Bourdrel. Il prouve aussi son sens du second degré avec le satirique « It’s not fair » en collaboration avec le rappeur tout aussi New-Yorkais Core Rhythm :
« Cette track était déjà sur le projet « Uncle Haywood and Lucien » mais nous voulions déjà à l’époque qu’elle soit sur les deux projets car les deux artistes l’adorent. Ce morceau, composé sur un riff rock’n roll, est satirique : ils énumèrent les choses “not fair” de leur vie ou de la société, alternant humour et sérieux. » (Zajazza)
Un second degré manié avec virtuosité sur « Petty Payaso », où iLLspokinn se présente comme le « triste clown », toujours frais, dispo et souriant mais aussi profondément humain… « Bouquets » est une chanson (presque) d’amour, et un peu personnelle. « Je parle de mon ex ; elle était magnifique, mais lorsque tu regardes plus près, tu vois mieux les défauts ». (iLLspokinn). Pour « Stealing the Sun », tout vient du refrain de Hendricks (« If the sun refuses to shine, I don’t mind »). Ou comment rester authentique même sous les nuages gris.
« Cette chanson est dédiée à tous les gens qui ne t’aident ou ne te supportent pas jusqu’à ce que tu aies quelque chose à leur offrir. C’est une histoire racontée à travers le prisme de quelqu’un qui essaie de “prendre ton soleil” ». (iLLspokinn)
Le EP se termine avec « You know why », morceau philosophique qui pose des questions sur le sens de la vie ; un morceau composé à l’époque où Zajazza travaillait avec le projet Franco-Ethiopien « Abyssinie Club », dans lequel l’envoûtante voix du chanteur éthiopien Yared Asnaké donne une dimension toute particulière et permet de clore ce road-movie en attendant la suite du voyage !
Pour écouter « Vagabond Road » :