Son histoire n’est plus si singulière : exposé très jeune à la violence de la rue à Buffalo, il trafique, baigne dans des business dangereux, rappe déjà à l’âge de dix ans, drogue, billets de banque tâchés de sang, prison, ennui, il écrit, son frère meurt assassiné, la liste de ceux qu’il a perdu sur l’asphalte ne cesse de grandir, il réalise, prend une claque, et voilà comment Westside Gunn se met sérieusement à la musique. Mais surtout, il quitte Buffalo pour s’installer à Atlanta où vivent ses deux enfants. Il raconte que la prison et ce déménagement l’ont sauvé. Là, nous sommes en 2012.
Et depuis le début, le hip-hop. Dans ses oreilles, il y a Nas, Kool G et son frère disparu Conway. Quand il se met au rap, c’est sans vraiment trop y croire, mais c’est vital.
Entre 2013 et 2015, il se lance avec une série de trois mixtapes qu’il a nommé « Hitler Wears Hermes ». En écoute là. Elles reçoivent un très bon accueil de la communauté hip-hop sur Soundcloud bien que peu relayées par les médias à ce moment-là.
Par contre, c’est comme ça qu’il gagne le respect de ses modèles qui deviennent ses pairs. Quand le label de hip-hop underground de Boston, Daupe !, approche Westside Gunn pour un vinyle, le rappeur rencontre Purist, producteur de légende. Ainsi est né un projet absolument sublime dans les bacs depuis janvier dernier : « Roses are red … so is blood ». En écoute ici.
Westside Gunn est aujourd’hui comparé à Nas et à certains membres du Wu-Tang, mais le son est unique, l’imaginaire singulier. Il n’a rien d’un copycat, rien d’un énième emcee. Avec Flygod, les collaborations sont évocatrices du chemin parcouru par Westside Gunn : Action Bronson, Danny Brown, Roc Marciano côté rap et Alchemist, Statik Selektah et Apollo Brown côté production.
Flygod est un concentré d’authenticité, sortie des tripes, un album porté par une sorte d’urgence vitale. Westside Gunn déploie son flow comme une ode gangsta très personnelle. Le projet a de l’âme. Le rappeur livre un album puissant, peut-être encore plus de par sa simplicité : loin de l’hyper-sophistication d’un To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar, Flygod porte en lui une énergie sauvage et brute.
Westside Gunn, vraiment, c’est du hip-hop à l’ancienne, et ça fait du bien. En écoute ici et très prochainement sur la 105.9 FM !