Nous avons déjà eu l’occasion de t’interviewer pour la sortie d’Unrealesed EP et aujourd’hui nous revenons pour que tu nous présentes l’album « Utopia », pourrais-tu nous présenter rapidement ce nouveau projet ?
C’est un concept album à la croisée de la chanson pop et de la musique de film. Chaque titre est un petit film, l’image y est très présente. Il y est question de cycle de la vie, de transmission, de temps qui passe et de recommencement. D’ailleurs, la plage de violons qui termine le disque est l’introduction du premier titre « A starry night », ce qui fait que le disque peut recommencer sans fin – la boucle est bouclée. C’est un disque intime, planant et lumineux. Je l’ai réalisé avec beaucoup de plaisir et d’émotion.
Pourquoi ce nom d’album ?
Ce titre a plusieurs significations pour moi. Tout d’abord cela veut dire littéralement « qui n’est en aucun lieu » ce qui correspond bien au côté planant, voyage immobile et hors du temps de l’album. Ensuite, il y a un passage sur l’utopie dans « Eloge de la fuite » de Henri Laborit que j’ai beaucoup aimé. C’est bien sur un hommage à cette magnifique chanson Goldfrapp « Utopia ». C’est aussi un mot qui se dit de la même façon dans plusieurs langues. Enfin, cela pose des questions sur de la place de l’homme dans la nature, notre petite planète est-elle une utopie ? Je pense qu’il correspond bien à l’image que je me fais du disque et aux différents sens de lectures possibles.
Comparée à tes autres sorties, ta façon de travailler a-t-elle été différente ?
Disons, que j’ai plus épuré et simplifié (enfin pas pour tous les titres). Le son général est plus organique, acoustique, presque sale, voir moins léché que dans le premier, ce qui m’a fait gagner en authenticité, je pense. Évidemment, la rencontre avec mon alter-ego Jérémy Rassat a beaucoup influencé mon travail. J’ai conservé le maximum de premières intentions et plus de sons des maquettes. De toutes façons, quand je compose je ne sais jamais à l’avance ce qui va se passer, ni ce que je vais faire. J’essaye d’être le plus spontané et frais possible. On retrouve mon ami Brian McPartlin et bien sûr Loren Lopez à la co-écriture des textes.
Quelles ont été tes inspirations pour Utopia ?
Comme il s’étale sur plusieurs périodes d’écriture, il n’y a pas d’inspiration précise sur la composition. Ce que me guide, ce sont les harmonies, les mélodies et les émotions. En revanche, c’est surtout pour sa réalisation, les arrangements et les couleurs qu’il y a des références. Cela va bien sûr de Goldfrapp à Ennio Morricone mais aussi de Other lives à John Barry. Le disque est influencé par la musique répétitive à l’exception de « Beautiful sorrow » et « Le manoir ». J’avais surtout envie de faire à nouveau de la musique pour moi. Ce qui m’inspire, ce sont évidemment les autres artistes, les accidents quand tu composes et aussi les instruments. J’en ai utilisé pas mal comme le santoor, un SH2000, une guitare classique et mon theremin fétiche.
Qu’est ce que tu écoutais durant cette période de travail d’écriture et de composition ?
C’est fin novembre 2013 qu’est né l’album. L’enregistrement s’est étalé de mars à décembre 2014. Je pense que j’écoutais Other Lives, Rodrigo Amarante, RY X et je venais de terminer l’album de Neeskens avec Jérémy. Quand je suis en studio, je fais attention à ne pas trop écouter de musique sinon je trouve que cela impacte trop le travail. Puis comme je fais beaucoup de musique, finalement j’en écoute pas tant que ça.
Cet album a été financé par kiss kiss bank bank, comment as-tu vécu cette campagne ?
Pour être honnête, je ne savais pas si j’allais y parvenir. Mais, cela a vraiment bien fonctionné. En 12 jours l’objectif était atteint. Je l’ai vécu avec beaucoup d’émotion. Tu reçois tous les jours un petit message d’une nouvelle contribution, une petit mot de soutien, c’est vraiment très encourageant. Il est vrai que cela mobilise beaucoup en préparation et en suivi après collecte mais c’est totalement oublié quand la collecte est réussie.
La production de l’album n’a pas été financée par KKBB mais sa fabrication en CD et vinyle.
J’imagine que tu t’es senti soutenu et soulagé à la fin de cette campagne?
Carrément, comme l’objectif a été largement dépassé, cela m’a donné une bouffée d’air et aussi de la confiance pour continuer.
Ton dernier album remonte à 10 ans, pourquoi autant de temps avant une nouvelle sortie format album ?
La promo du premier m’a occupé jusqu’à fin 2007. J’ai continué à composer pour moi, mais je ne n’ai rien sorti. J’ai même écrit des chansons en français. Comme c’est une période ou j’ai beaucoup collaboré, je crois que me suis oublié. D’ailleurs, quand j’ai sorti le premier je me disais que ce serait mon seul album. Puis en novembre 2013, j’ai eu une période de calme qui m’a permis de retravailler sur d’anciens morceaux et j’ai pris beaucoup de plaisir (dont « Beautiful sorrow », « Le manoir »). C’est à ce moment que j’ai composé des nouveaux titres mais sans penser à un nouvel album.
Avais-tu d’autres projets en dehors de ta musique sur cette période ?
Oui, j’ai œuvré pour Loren Lopez, Davis et Neeskens entre autres. Puis j’ai rencontré mon alter égo Jérémy Rassat avec qui j’ai monté le studio La Song Factory. Nous avons réalisé et arrangé pour beaucoup d’artistes différents (The Pirouettes, Loren Lopez, Davis…) et même composé l’Hymne Officiel des Jeux Équestres Mondiaux. Toutes ces collaborations m’ont ouvert et influencé pour ce disque. Durant cette période j’étais toujours signé chez Universal Music Publishing, ce qui m’a permis parallèlement de travailler de plus en plus la musique à l’image. Je me suis aussi consacré à ma famille.
As-tu prévu une tournée promotionnelle ? Si oui ou , à partir de quand et quelle formation scénique est prévue ?
Pour le moment ce n’est pas d’actualité, c’est un projet plutôt destiné à l’image. Mais si la sortie se passe bien et que la demande est là, pourquoi pas.
En attendant, je fais un vernissage pour la sortie de l’album le jeudi 8 octobre au Brise Glace à Annecy.