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La Isla Minima d’Alberto Rodriguez

 

La Isla Minima est un polar sombre, sec et racé. Nul besoin de présenter les personnages, ces derniers débarquent sur les rives de Guadalquivir sans détour, ni présentation. Appelés pour une affaire de disparition, ces deux flics arrivent à pied alors que leur voiture est tombée en panne. Nous avons, dès le départ, comme un mauvais pressentiment. Celui-ci va se confirmer à la découverte de deux cadavres de jeunes filles. Celles que les enquêteurs recherchaient.

 

Les dialogues sont expédiés telle une bière fraiche qu’on boirait cul sec en pleine calicule. A l’instar de l’écriture, le montage est tout aussi cadencé. L’enquête progresse, classiquement. Si les langues ne se dénouent pas facilement, il suffit de brutaliser quelque peu un témoin, une balance ou même une victime. Tous les moyens sont bons pour toucher au but. Car ces deux flics ne sont pas là pour faire dans la dentelle ou ménager leur prochain. Car ici plus que nulle part ailleurs, autrui est une figure menaçante dans une Espagne post-franquiste plus que fragile.

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Pour un bon polar, il faut de bons détectives. Ce sont eux qui représentent le nec plus ultra de ce film glacialement humide. Issus de milieux différents et appartenant à une classe politique opposée, ils se complètent dans leurs tâches de manière toujours fragile et exclusivement dans un seul but : la vérité, aussi sordide soit-elle. Le récit ne dévoile que peu d’éléments sur eux, pourtant, le spectateur peut se faire une idée précise de leurs motivations, et de leurs passés.

 

Formellement impeccable, La Isla Minima démarre avec des plans d’hélicoptère, filmant les paysages andalous à perte de vue. Ceux-ci ne ressemblent pas à divers terrains, mais à des artères, des vaisseaux sanguins et des formes préoccupantes. Grâce à ce procédé filmographique et cette musique lancinante (le brillant Santaolalla), le public est invité à un voyage en dehors du temps et de toute réalité. Le fantastique a pris racine sur ces terres devenues maudites.

 

Hugo Harnois

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