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Victoria, de Sebastian Schipper

Une boîte de nuit, à Berlin. Les beats crashent un son électro pas trop dégueulasse. Les gens dansent au rythme de la nuit. Plus rien n’a d’importance. Victoria, jeune femme espagnole, boit un dernier shot de vodka avant de rentrer. Elle rencontrera sur sa route quatre jeunes allemands. Tous bourrés, cette nuit va être la plus importante de leurs vies.

 

Le choix du plan-séquence intégrale pouvait se discuter. Il est ici parfaitement justifié. Pour l’une des premières fois dans l’histoire du septième art, nous assistons à un thriller en temps réel. Deux heures et quatorze minutes, c’est le temps qu’il faut pour que l’existence de Victoria bascule. Deux heures et quatorze minutes, ce n’est pas grand-chose, mais c’est aussi toute une vie. Surtout au cinéma.

 

Etrangère à ce pays, l’espagnole ne parle pas la langue. Elle ne connaît ni les rues, ni personne. Au premier abord timide, nous comprendrons très vite que cette fille n’a pas froid aux yeux. Aventurière nocturne, elle rêve qu’il se passe enfin quelque chose durant son séjour à Berlin. Elle va être servie. Premier facteur d’angoisse auquel le public va être confronté.

 Victoria

Le réalisme de cette œuvre fait également froid dans le dos. La caméra embarquée de Schipper la suit sans interruption, sans artifice. Nous avons affaire à la vie, la vraie. Celle où les ellipses n’existent pas, celles où les relations prennent du temps pour faire naître une romance. Celle où la magie du montage n’a pas sa place et où le cinéma ne nous cache rien. Deuxième facteur de stress.

 

D’abord comédie dramatique, Victoria est l’histoire d’une rencontre comme il en existe des millions : simple, naturelle et sincère. La jeune femme et l’allemand vont s’approcher, pour ne plus jamais se lâcher. Mais le rythme du long-métrage et les dialogues nous font croire que quelque chose de dangereux va se produire, très rapidement. C’est l’essence même du thriller, qui prend peu à peu le pas sur ce film. Troisième et dernier facteur de tension.

 

Deux heures et quatorze minutes, le temps que le spectateur soit en état de choc.

 

Hugo Harnois.

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