Le paradoxe est l’un des moteurs principaux du septième art. Par cette notion, des histoires ambivalentes prennent forme et invitent le spectateur à une véritable réflexion. En réalisant Une seconde mère, Anna Muylaert va interroger des millions de femmes et leurs rapports à leurs enfants. Depuis une dizaine d’années, Val est au service d’un foyer bourgeois. Elle élève alors le fils de la famille comme si c’était le sien. Tout ce temps qu’elle consacre avec ce dernier, ce sont des moments qu’elle ne passe pas avec sa propre fille…
À partir d’un scénario réaliste où l’on imaginerait une mise en scène invisible, la cinéaste nous prend à contre-pied en optant pour des cadrages ultra-précis. Son film est doté d’une plastique architecturale incontestable. Les lieux qu’elle filme, captés dans différents angles, toujours très angulaires et frontaux, prennent sens et participent à la cohérence du récit. Par cette représentation, la cellule familiale semble rigide et sans âme. Tout le monde sait ce qu’il se passe, tout est sous jacent et les non dits sont pires que n’importe quels mots. La mise en scène est alors au service de ces scènes, où la honte fait la loi et où l’infériorité est reine.
Regina Casé, figure importante du cinéma brésilien, distille un rayon de soleil salutaire à cette œuvre. Sa spontanéité et son sourire font le charme ravageur d’une œuvre solide et très intelligente. Qui représente quoi pour l’autre ? Qu’est ce qu’une mère ? Par des rapports humains toujours très complexes, la réalisatrice tente de répondre à ces questions sans donner de réponses fixes. Tout simplement parce qu’il n’en existe pas. Seul l’amour, qu’il soit filial ou sentimental, subsiste.
Hugo Harnois.
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