Faire du vieux avec du neuf en détournant les codes. Voilà un beau crédo auquel s’attache le producteur de Snatch depuis qu’il a commencé à tourner. Se basant encore sur un comic book, ce dernier s’intéresse cette fois-ci à une agence d’espionnage hautement sophistiquée. Costume trois pièces, parapluie blindée et autres briquet-grenade vont vous en faire voir de toutes les couleurs pour un moment cinéphile mémorable.
Matthew Vaughn revient à son meilleur et dépasse tout ce qu’il a pu faire auparavant. Son Kingsman est un James Bond à la sauce Kick-Ass, mélangé à l’esthétisme d’un Sherlock Holmes et doublé de thèmes essentiels de super-héros. La transmission, trame fondamentale de son film, rappelle de belle manière son excellent épisode d’X-Men. A 43 ans, le cinéaste dresse un bilan sur le travail qu’il a pu accomplir, tout en montrant qu’un avenir radieux lui ouvre ses portes. Dans une ère où le blockbuster est devenu banal et où les spectateurs sont plus difficilement surpris, le réalisateur se surpasse dans tous les domaines. Rythme, comédie, action, musique, tout est calibré et l’ensemble n’est rien de moins qu’un travail d’orfèvre.
Le casting impeccable et plus qu’intelligent permet à Kingsman de surclasser la concurrence, et de loin. Après Stardust et Kick-Ass, le flippant et terriblement sérieux Mark Strong retrouve Vaughn pour notre plus grand plaisir. Samuel L. Jackson, incarnant un paradoxe aussi réjouissant que décalé, met tout le monde chaos avec un cheveu sur la langue déjà culte. Mais le véritable poids lourd de ce divertissement n’en reste pas moins Firth, retrouvant son talent fou de dandy gracieux, débordant d’assurance élégante.
Kingsman est une œuvre démesurée et plein d’ambition qui n’est effrayée par rien. Elle fonctionne à plein régime pendant plus de deux heures, en n’ayant pas peur de choquer, surprendre, dégouter, ou livrer les moments cinématographiques les plus jouissifs de ce début d’année. Parce que voir Colin Firth dézinguer une trentaine de catholiques radicaux dans une église sous fond de Lynyrd Skynyrd n’a pas de prix. À peine le générique enclenché qu’un seul et unique mot nous vient à la bouche : encore.
Hugo Harnois
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