La société va mal, les gens s’entretuent et ne paient même plus leurs amendes. Dans quel monde vit-on ? C’est ce qu’essaye de décrire un réalisateur que nous n’avions plus vu sur les écrans depuis 2005 avec Tiempo del valientes. Il nous parle aujourd’hui de sauvagerie, d’incivisme et autre dépression. Chouette programme !
Peu s’aventure dans le genre de films à sketchs. Réputés difficiles à réaliser de par leur essence hétérogène, certains arrivent néanmoins à tirer leur épingle du jeu. Damian Szifron en fait partie. Trash et férocement comique, Les Nouveaux Sauvages s’amusent à pointer du doigt tous les péchés de l’Homme. L’avarice, la colère la tromperie ou la lâcheté ne sont que des mots à côté d’images frappantes et redoutablement efficaces que l’on se prend en pleine figure.
Tout sauf préparé à cela, le spectateur sera ravi de voir tant de culot au cinéma. Car ils sont rares, ces cinéastes qui tentent des choses aussi neuves et osées. Il y a un peu de La Iglesia (Balada Triste) dans cette façon d’utiliser la violence comme moyen de faire rire, mais aussi de dénoncer. On s’aperçoit d’ailleurs que les sketchs les plus courts (l’avion, le duel des voitures) sont peut-être les meilleurs. Par leur aspect bref et très intense, ils nous proposent pour l’instant les meilleurs moments de cinéma de 2015.
Moderne et inspirée, la plastique du film est aussi à louer. Turbulente et pourtant parfaitement contrôlée, la caméra se met au service de ces personnages, désemparés et en proie à une terrible violence incontrôlée. Santaolalla, l’un des meilleurs compositeurs de sa génération (Iñarittu, Salles), fait frotter ses cordes pour accompagner les pérégrinations de ces hommes et femmes, tous épuisés par une injustice impalpable. Tous, finalement, un peu comme nous.
Hugo Harnois.
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