Suffoquer, jusqu’à en perdre la tête. Tout oublier pour pouvoir se reconstruire. Être quelqu’un de nouveau et vivre sa passion jusqu’au bout. Qu’importe si c’est son âme-sœur ou une alter-ego, il faut foncer et ne jamais regarder derrière. C’est ce qu’a fait Charlie, lycéenne de dix-huit ans, qui fait la rencontre d’une nouvelle arrivée, Sarah. Toutes deux ne se lâcheront plus, à leurs risques et périls.
Avec ce film, Mélanie Laurent s’impose comme une nouvelle réalisatrice douée ayant des choses à nous dire. Si son premier coup d’essai (Les Adoptés) était intéressant mais maladroit, Respire s’avère être un film progressif, montant en pression après chaque élément narratif. Trois scènes sont particulièrement captivantes – où l’innocence s’est fourvoyée tandis que la honte s’est installée – car elles prouvent le mal-être habitant ces jeunes filles.
Sans être stéréotypée, cette adaptation arrive à cerner les enjeux intérieurs dans lesquels ces adolescentes sont confrontées. Mélanie Laurent reprend cette photographie vive et lumineuse qui avait fait le charme de sa première œuvre. Ce rayonnement renforce la pureté de Charlie et contraste à la fois avec l’horreur quotidienne qu’elle subit. La réalisatrice décortique avec minutie cette relation dominante / dominée sans oublier aucun détail, et renforçant par-là l’aspect intimiste de son récit.
On croyait avec Respire avoir à faire à une pâle copie du chef-d’œuvre de Kechiche, La Vie d’Adèle. Mais si les enjeux semblaient être les mêmes à première vue, l’auteure s’en échappe très rapidement pour livrer un scénario sincère et dérangeant. Doublé d’une mise en scène inspirée, ce film choc ne vous laissera reprendre votre souffle qu’une fois le cut au noir entamé.
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