Une ritournelle, c’est une rengaine, un air qui revient, c’est un couple de cinquantenaires amoureux, c’est une femme qui a besoin d’aller ailleurs, un homme qui s’inquiète, une exploitation agricole en Normandie…
Brigitte et Xavier s’aiment, c’est certain, pourtant, au hasard d’une soirée, d’une rencontre, Brigitte ressent un besoin violent de s’échapper un instant de son couple, de sa ferme. Elle part alors pour Paris, ville de tous les possibles pendant que son mari s’inquiète, piétine, puis finalement, se décide à partir lui aussi pour la capitale.
La Ritournelle est un film plein de jolis défauts qui le rendent charmant. La musique est utilisée trop fréquemment, certains rapprochements entre les situations sont trop évidents, il y a même un discours sur le couple assez délicat tel un « on est quitte » un peu expéditif et pourtant, il y a quelque chose qui dépasse tous ces défauts pour produire une oeuvre pleine de charme, drôle, mais surtout, assez fine. On connait tous des milliers de films qui mettent en scène un couple en crise mais celui-ci s’échappe du lot, précisément parce que le couple n’est pas tellement en crise. Pour une fois, la femme n’est pas névrosée, le mari n’est pas antipathique. Isabelle Huppert (grande star) et Jean-Pierre Darroussin (star également) incarnent deux agriculteurs, des gens simples (bien qu’aisés) qui traversent un moment de la vie, sans éclats ni drame.
Le point fort du film se trouve précisément ici : rien de dramatique, pas de crises de larmes à n’en plus finir. Le jeu des deux acteurs est tout en retenue, en fragilité et presque parfois timide ce qui les rend d’autant plus touchant et juste.
Dans le milieu du cinéma français et des films mettant en scène un couple dans le doute (nous avions parlé il y a quelques temps de l’insupportable Arrête ou je continue), La Ritournelle apparaît comme une bouffée d’air frais tant le film ne tombe pas dans les facilités du genre.
Sans être la comédie annoncée, on passe un bon moment devant La Ritournelle, on en ressort le sourire aux lèvres, pleins d’espoir, et c’est déjà pas mal !
Barbara Cornuaud