L’Amérique, terre de la démocratie et berceau des libertés individuelles. En plein désert, seul l’éclat du soleil est témoin de la violence dont l’homme peut faire preuve. À coup de pierres, une personne est sauvagement assassinée. Le coupable fera alors dix-huit ans d’emprisonnement pour être relâché sous liberté conditionnelle. Converti à l’Islam, Garnett est en voie de réinsertion.
Bouchareb revient avec un récit doté d’une facture ultra classique. On connaît la chanson de l’homme voulant se repentir après des années de prison, mais finalement rattrapé par son passé de malfrat. James Gray (The Yards, La nuit nous appartient) en a fait l’un de ses leitmotivs dans sa filmographie. Mais La voie de l’ennemi empreinte la voie du réalisme et non celle de l’héroïsme. Même si aucun élément narratif ne nous surprendra, il faut reconnaître que le scénario est bien amené en renfermant de bonnes idées. Mais lesquelles ?
Forest Whitaker, acteur boulimique (pas moins de sept films l’année dernière) et formidable (l’un des meilleurs de sa génération), donne encore toute son âme à ce personnage. Alors qu’il aurait pu n’être qu’un archétype, celui-ci prend tout son sens grâce à une interprétation sincère et sensible d’un homme qui veut se reconstruire. Malgré la rage d’un shérif ou l’insistance d’une ancienne connaissance, il évolue dans un décor filmer avec magnificence. Nous apercevons cette lumière solaire inondant le cadre de l’algérien pour nous aveugler. Ou peut-être est-ce, au contraire, pour nous révéler quelque chose ?
La voie de l’ennemi montre une nouvelle fois la révolte de Bouchareb (réalisateur d’Indigènes et d’Hors la loi) à travers cet homme musulman exclu d’une société effrayée. En plein désert, seul l’éclat du soleil est témoin de la perte de foi dont l’homme peut être victime. L’Amérique, terre de la paranoïa et berceau de l’hypocrisie, n’arrive plus à faire confiance à l’être humain.
Hugo Harnois.
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