Seligman (Stellan Skarsgard), un homme d’un certain âge qui vit seul, trouve Joe (Charlotte Gainsbourg) accidentée dans la rue. Il la recueille chez lui pour lui administrer des soins. Joe entreprend alors de lui raconter sa vie, l’histoire de sa nymphomanie. Elle se met à en faire le récit, dégoutée de ce qu’elle est, pendant que lui l’écoute attentivement et la coupe parfois pour lui faire part de métaphores qui se veulent rassurantes.
Le voilà enfin, le nouveau Lars Von Trier est arrivé en même temps que la nouvelle année. Avant même d’être sur les écrans il entretenait déjà la polémique avec les affiches orgasmiques dévoilées peu à peu dans la presse. Alors que le spectateur s’attendait à découvrir un film pornographique un peu trash c’est un film tout autre qu’il a pu voir en ce début d’année 2014. Evidemment, il y a des scènes de sexe mais elles sont filmées avec un tel esthétisme que nous sommes loin de la pure exhibition pornographique.
Lars Von Trier crée un univers froid, parfois clinique, dans lequel il fait évoluer Stacy Martin (qui interprète la jeune Joe). A travers des rencontres, des douleurs, des initiations, sa nymphomanie se développe. Le film est construit en chapitres, chacun correspondant à un épisode de sa vie qu’elle décide de raconter. Nous pouvons donc, par exemple, voir à l’écran une Uma Thurman en furie suite à la tromperie de son mari, dans une interprétation de grande qualité et d’une justesse terrifiante.
Lars Von Trier joue avec les différents régimes d’images. Aux scènes de sexe répondent des plans de pêche à la mouche par exemple, intégrant alors à ce récit dramatique une furieuse ironie.
Nymphomaniac peut s’avérer parfois drôle et c’est cette touche d’humour un peu acide qui donne au film son côté que je qualifierai « d’envolé ». En effet, il y a dans Nymphomaniac quelque chose de léger, amené évidemment par l’humour mais aussi par le montage qui fait dialoguer les plans entre eux ou encore par la musique. Les deux séquences introductives affirment déjà le caractère du film : il y aura quelque chose de dérangeant, comme ces sons qui traversent la salle de cinéma sur un écran noir, mais il y aura aussi une certaine violence passionnante entrecoupée d’envolées ironiques. Cet aspect surgit alors grâce à la musique de Rammstein qui, dans la première séquence, accompagne Seligman faire ses courses.
Un avertissement cependant. Avant même que le film ne commence, un panneau nous explique que la version à laquelle nous avons accès n’est pas celle désirée par Lars Von Trier, son producteur l’ayant obligé à couper certaines scènes. Le « director’s cut » c’est-à-dire, le montage final n’est pas le sien. De sa version, on ne sait rien (à part qu’elle fera 5h30) et encore moins si elle aura droit à une sortie sur grand écran (probablement pas). Coup de pub ou véritable déchirement d’un auteur, ce Nymphomaniac vol.1 n’en demeure pas moins une oeuvre de maître ! Le volume 2 qui sortira le 28 janvier dont nous avons eu des extraits à la fin du volume 1 s’annonce encore plus fort !
Ce très attendu Lars Von Trier est incontestablement l’évènement de ce début d’année ! Pourvu que 2014 soit rempli de films de cette qualité !