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La Chasse, de Thomas Vinterberg avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Lasse Fogelstrom…

Il faut une première à tout, cette semaine, le film que nous avons vu ne nous a pas plu. Le pitch de La Chasse, le dernier film de Thomas Vinterberg (principalement connu pour Festen) est simple : Lucas travaille dans une crèche et est accusé d’attouchements sexuels par une petite fille un peu perdue. Ici la pédophilie n’est pas traitée sous l’angle judiciaire comme Présumé Coupable de Vincent Garenq sur l’histoire d’Outreau. Ce qui intéresse le réalisateur c’est une étude des mœurs, de la communauté dans ce qu’elle a de plus violent. Cela donne lieu à un film grossier, déjà vu et pénible pour le spectateur qui regarde pendant deux heures les déboires d’un personnage impuissant.

Au premier abord la Chasse semble très éloigné de Festen, tant sur le plan esthétique (on est aux antipodes du dogme 95 ici) ; que thématique (on parle ici d’une innocence et non pas d’une culpabilité). Pourtant, certains parallèles peuvent être évoqués. Tout d’abord on remarquera que la pédophilie est encore une fois au cœur de la narration ; voire même l’inceste si l’on considère que Lucas dans La Chasse incarne bel et bien une figure paternelle de substitution pour la petite Klara. Ensuite, comme dans Festen ; c’est l’histoire d’une communauté qui se fédère, se solidarise contre un être. On a affaire à la figure du bouc émissaire : un homme stigmatisé est la cible de toutes les violences internes à une société qui sont enfin extériorisées.

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Ainsi, le film est intéressant car il nous livre un portrait féroce et violent d’une communauté qui semble pourtant bien innocente et inoffensive : de gros bonhommes barbus bons vivants. Vinterberg nous montre donc que toute innocence voile une réalité humaine bien sombre : le mensonge chez l’enfant, la violence chez les hommes, la rumeur parmi les femmes. Bien sur, ces réflexes grégaires ne sauraient être totalement condamnés. Quiconque agirait sans doute de la même façon si son enfant était réellement victime d’attouchements ou d’agression. Et c’est dans cette perspective que l’absence totale dans le film de l’appareil judiciaire est intéressant. Vinterberg cherche à montrer qu’une société est toujours en roue libre, sans cadre institutionnel auquel on puisse se fier. Mais Lars Von Trier avait déjà traité ce thème, et bien plus magistralement dans Dogville.

Madds Mikkelsen a beau être fantastique (il mérite son prix d’interprétation masculine à Cannes), La Chasse est un film pénible pour le spectateur qui regarde cet homme forcé à tendre l’autre joue lorsqu’on le frappe. Les éléments de narration sont grossiers : l’histoire d’amour est inutile, la dernière scène de chasse est en trop. Le thème même avait déjà été exploité par d’autres films plus intelligents et plus intéressants sur le plan esthétique. Car finalement, on préférait la caméra épaule et le réalisme du dogme 95 à ces beaux plans sur la forêt danoise en Automne qui n’apportent rien au discours ; ni à l’ambiance.

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