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Le grand soir, Benoît Delépine et Gustave Kervern

Avec, Benoit Poelvoorde, Albert Dupontel, Brigitte Fontaine, AreskiBelkacem, BouliLanners, Gerard Depardieu, Yolande Moreau



Après Mammuth et Louise Michel, le duo grolandais formé par Gustave Kervern et Benoît Delépine nous livre une nouvelle pépite d’insolite et d’anormalité. Le grand soir, c’est l’histoire de deux frères dont les parents (Brigitte fontaine et AreskiBelkacem) tiennent une pataterie dans une zone commerciale quelconque. Benoît et Jean Pierre interprétés par Benoit Poelvoorde et Albert Dupontel, deviennent NOT et DEAD. Si Not, « plus vieux punk à chien d’europe » entretient sa révolte depuis toujours, Dead, lui, ne rejoindra le mouvement punk et révolutionnaire qu’après avoir perdu femme, enfant et travail. Ensemble, ils prévoient le grand soir, le renversement final du système qu’ils rejettent tant.

Eloge de la marginalité

Le grand soir, c’est un élan vers la marginalité. C’est avant tout une délocalisation vers la périphérie. En quittant le centre ville pour la zone commerciale, Not s’isole de ses compagnons SDF pour un espace absolument vide de vie : parkings, magasins, restaurants. Et pourtant c’est le lieu « de la norme, remplis de gens aux normes, entourés de produits aux normes ». Ces lieux de la norme par excellence sont donc des déserts humains, des déserts affectifs, où seuls quelques excentriques foutent le bordel, mettent de la vie. Dès lors, la marginalité n’est plus mortifère et dangereuse mais pulsion de vie.

La plus grande des libertés

Dans une des scènes du grand soir, Not apprend à Dead comment marcher et s’économiser. Il en conclu que « on est libres puisque de toute façon finalement, on va nul part. » C’est vrai le film est quelque peu décousu, complètement barré, les dialogues se rapprochent de Beckett ou Raymond Devos. Mais finalement, ce film dépourvu d’ambition qui ne va nul part parvient à faire naître chez le spectateur une forte tendresse pour cette galerie de personnages. Brigitte Fontaine, son flegme et sa voix grave ; BouliLanners en gardien de nuit qui tolère les squatteurs à condition que les chiens ne chient pas dans la maison de ouioui ; l’agriculteur qui se suicide « à la punk »… C’est sans réalisme, absolument absurde, mais cette liberté peut faire rire aux larmes.


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Discours politique

Néanmoins, n’allez pas croire que le grand soir est un film léger. Le rire surgit d’un humour noir, grinçant qui peut parfois mettre mal à l’aise. En effet, le film témoigne d’une certaine réalité qui fait froid dans le dos : la misère qu’on ignore, la société de consommation aveugle, le mépris et le rejet d’autrui. « Les gens ne sont plus dans les champs, ni dans les églises, ils restent chez eux », constat effroyable sur le monde moderne que tout le film cherche à détruire, immoler, dézinguer, à coup de Wampas et d’humour noir. Ce n’est pas un film léger, c’est bel et bien un film politisé, parfois un peu désespéré.

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