Matilda ou Madame Doubtfire, voilà avec quels films Xavier Dolan compare Mommy, Prix du Jury au dernier Festival de Cannes. Après s’être fait expulsé de son centre de rééducation, Steve est obligé de retourner vivre chez sa mère. Qualifié d’auteuriste, son cinéma serait pour lui aussi accessible que ces deux films populaires. Et le pire, c’est qu’il a raison.
Sans prévenir, ce surdoué de vingt-cinq ans nous embarque dans un spectacle aussi hallucinant qu’intimiste. Son extravagance (tant dans le verbe qu’à l’image) et cette dramatisation cinématographique font la force d’un cinéaste qui s’est pleinement trouvé. Après être passé virtuosement par le thriller avec Tom à la ferme, le canadien revient avec un drame psychologique ô combien généreux et maîtrisé. Malgré la surenchère sentimentale et en dépit d’un bavardage constant, jamais le prodige ne nous ment, et c’est cela le principal.
Le réalisateur joue une nouvelle fois avec le cadre avec maestria pour souligner les tourments psychologiques de ses protagonistes. Cette fois, il étire son image à deux reprises pour donner à son public une sensation de liberté retrouvée, de visions fantasmées. Le temps de respirer ne nous est cependant donné à aucun moment afin de vivre pleinement cette relation mère-fils explosive. Destructeur mais débordant d’amour et de sincérité, ce lien qui unit ces deux acteurs en état de grâce passe également entre notre âme, sans défense face à un tel monument dramatique.
Chez cet artiste, les sentiments s’expriment constamment par la musique, car le québequois ne conçoit pas un film visuellement, mais sensitivement. Se mettant à la place de son public tout en écrivant le scénario le plus personnel possible, le cinéaste créé une œuvre totale. Si Winter Sleep méritait sa Palme d’Or pour sa perfection artistique, Mommy parvient à atteindre les sommets pour son humanisme inespéré. Grâce à Xavier Dolan, l’espoir renaît.
Hugo Harnois.
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