Courir pour ne pas perdre le fil. Courir pour ne rien louper. Courir pour vivre, tout simplement. Voilà l’activité favorite de Xavier, le héros ordinaire de Cédric Klapisch qui revient une troisième fois pour nous faire rire, pleurer, et méditer sur nos pauvres vies. Destination New-York cette fois-ci où notre homme se doit de rejoindre Wendy pour ne pas se séparer de sa famille. Un nouvel épisode crucial auquel il doit se confronter.
Xavier a maintenant quarante ans et deux enfants. Nous ne sommes plus dans sa jeunesse insouciante ni ses rêves d’adulte illusoires, car l’heure est maintenant aux responsabilités. On peut louer à Klapisch son intention de rester cohérent avec son personnage depuis plus de dix ans, car Xavier est l’emblème même de notre génération. Un homme perdu dans une société allant à cent à l’heure. Instable et multipliant les échecs amoureux, il est toutefois doté d’une certaine ambition professionnelle qu’il a du mal à concrétiser. Ce symbole générationnel se concrétise définitivement avec ce troisième et dernier épisode.
Le réalisateur de Paris ne peut s’empêcher de tourner dans un contexte purement urbain, mêlant rythme et dynamisme à son récit. Hier Barcelone, Londres. Aujourd’hui New-York, où la hauteur des grattes-ciel donne le tournis au déphasé Xavier. Face à ces monstres d’acier, il est universel et représente des milliers d’hommes à son image : déboussolés face à une vie qu’il ne maîtrise pas. Alors que les deux scénarios précédents ressemblaient plus à des chorales de protagonistes hétéroclites, ce dernier est plus centré sur Xavier lui-même. Comme si la boucle devait finir de se boucler et se resserrer sur l’essentiel : ses interrogations, son passé familial et son futur amoureux. Les seconds rôles (Martine, Wendy, Isabelle) restent évidemment primordiaux en évoluant, à l’image de Xavier, de façon parfaitement réaliste.
Dans cette comédie de qualité restant populaire, Klapisch n’aura pas perdu son sens de l’humour, grâce notamment à un Romain Duris en très grande forme. Toujours aussi charmant, drôle et émouvant, son personnage ne lasse pas et réussit à s’arrêter au bon moment, synonyme du bon goût de cette subtile trilogie. Une saga qui marquera par ailleurs le cinéma français contemporain.
Hugo Harnois
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